La côte Ouest


Perth est la capitale de l’Australie occidentale (Western Australia), le plus grand Etat du pays. Nous apprécions cette ville dès notre arrivée, tout comme son climat, ensoleillé presque toute l’année. Décrite comme une des capitales les plus isolées du monde, c’est en effet une métropole décontractée, où un million et demi de personnes vivent entre l’océan indien et la Swan River. Elle est construite tout autour de son centre d’affaires, où quelques buildings se mêlent aux espaces verts, et on ne peut qu’être charmé par les plages alentours, particulièrement bien préservées.

Nous passons notre première soirée dans le «James Mitchell Park», le long de la rivière, et regardons le soleil se coucher derrière les immeubles du CBD (Central Business District). Après notre repas, Aurélie sympathise avec trois australiennes d’une cinquantaine d’années, intéressées par notre aventure. Très joyeuses et sûrement pas à leur premier verre, elles nous invitent à faire un tour sur leur bateau où les attendent leurs maris. Nous voilà donc sur l’eau pendant plus d’une heure, à discuter face aux lumières de la ville, en sirotant un verre de vin et en grignotant des frites…

Pendant les jours qui suivent nous explorons les différentes facettes de la ville. La galerie d’art (Art Gallery of Western Australia) nous déçoit, mais il faut dire que celle d’Adélaïde semble difficilement égalable (voir «D’Adélaïde aux mines d’opale»). Nous partons alors vers le centre d’art aborigène, décrit par notre guide comme incontournable : pas de chance, c’est en fait une collection privée mise à disposition par son propriétaire, lequel a déménagé récemment…


Heureusement, le centre-ville, uniquement accessible à pied, nous a beaucoup plu. Malgré son côté très touristique c’est un endroit cosmopolite, où il fait bon vivre, animé par ses bars, restaurants, nombreux magasins ou encore spectacles de rue. On apprécie particulièrement marcher à travers les étals et boutiques des quelques galeries commerçantes qui relient les deux principales artères du quartier.
C’est là que nous essayons pour la première fois «Ugg boots» et «Akubras», typiques bottes et chapeau australiens.
Au cours de nos promenades, nous découvrons entre autres la cathédrale, les jardins du gouvernement, le palais de justice, et la fameuse «Swan Bell Tower», un clocher moderne de verre et de cuivre qui abrite les cloches d’une église du XIVème siècle. En suivant les conseils d’un habitant nous nous rendons au «Kings park», un jardin botanique sur une colline surplombant la ville. Une des principales attractions du lieu est sa passerelle de plus de deux-cent mètres de longueur, permettant de se balader au dessus des arbres.

Nous sommes à présent sur les plages de Perth, un peu au nord, si réputées pour leurs rouleaux que surfeurs et fans de bodyboard sont toujours au rendez-vous. Les lieux sont agréables et très bien aménagés : des dizaines de douches, des barbecues, eau potable à volonté et un chemin réservé aux joggers et cyclistes. Cette piste est d’ailleurs face à la mer et nous permet d’aller courir régulièrement, le long de la plage…
Rémi et Romain (voir «Noel à Melbourne» et «Swan Hill et Mildura»), que nous n’avions pas vu depuis un moment, viennent nous rejoindre pour une soirée. C’est une bonne occasion de partager nos expériences autour d’un bon repas !

Avant de remonter la côte ouest, nous décidons de faire un détour dans les terres, pour aller voir le «Wave Rock». C’est ainsi qu’après trois-cent cinquante kilomètres à travers un paysage aride, entre les eucalyptus flétris et les lacs asséchés, nous arrivons devant ce rocher de cent dix mètres de long, formant une vague de quinze mètres. On n’arrive à peine à se prendre en photo tellement les touristes asiatiques sont nombreux… Nous suivons la marche indiquée pour atteindre le haut de cette formation de granit, nous offrant une vue impressionnante sur l’outback
.
Le soir même et contre toute attente, nous trouvons un spot dans un petit village perdu au milieu du Bush, avec toilettes et cuisine aménagée ! Réveil à l’aube et nous partons pour le «Jilakin Rock», un rocher similaire au précédent mais bien moins connu et peu touristique. Quelle impression de contempler le lever du soleil au sommet d’une telle «masse», entre la savane australienne et un immense lac salé !


Sur le chemin du retour, nous empruntons une route originale, la «tin horse road» : la communauté locale y expose les œuvres loufoques d’un artiste du coin, des chevaux créés à partir de bidons en métal. Le trajet, jusque là monotone, devient vite amusant et il est impossible de ne pas s’arrêter pour prendre des photos !

Retour à Perth. Nous avons fait le plein de provisions et de carburant, comme d’habitude, et sommes prêts à poursuivre l’aventure. A partir de maintenant les distances augmentent entre chaque ville : la prochaine grande agglomération n’est qu’à quatre-cent kilomètres…
Nous voilà partis, et première halte à Joondalup : le lieu n’a rien d’exceptionnel mais on s’en souviendra longtemps. Il pleut déjà fort et il faut qu’on trouve un endroit où passer la nuit, ce qui nous prend plus d’une heure. Mais une fois installés, on sort tous les ustensiles pour cuisiner sur un barbecue, non abrité évidemment, et le vent se met à souffler. A peine protégés par nos cirés, on arrive tant bien que mal à cuire nos boulettes de viande et nos carottes, pendant que les couverts et les épices s’envolent. Même la bouteille d’eau, pourtant pleine, ne tient pas debout ! Trempés, nous mangeons notre repas enfermés dans le van. Il faut maintenant se coucher, mais comment voulez-vous dormir quand la pluie résonne sur la carrosserie et que notre pauvre Jimmy remue dans tous les sens ! Nous prenons donc la sage décision de trouver un endroit à l’abri du vent, ce qui nous prend encore plus d’une heure : c’est la pire tempête qu’on ait affronté jusque là !

Le paysage a changé. Nous sommes désormais entourés de hautes dunes de sable et d’eau turquoise. Nous rejoignons Cervantes et le désert de pinacles, hérissé de milliers de formations calcaires et dont l’origine reste incertaine. L’hypothèse la plus probable serait que des sédiments marins et du sable auraient été compactés sous l’effet de la pluie, puis érodés par le temps, donnant naissance aux formes étranges que l’on connait aujourd’hui. Ce spectacle nous laisse sans voix.


Nous voilà trois-cents kilomètres plus au nord, à Geraldton. Même si c’est la principale grande ville du centre-ouest, entre ses usines, sa prison et son imposante cathédrale, elle est bien triste... Seules les plages ont un intérêt, car elles sont si balayées par le vent qu’elles font le bonheur des véliplanchistes et kite-surfeurs. Pour passer le temps, nous rejoignons la cinquantaine de pêcheurs regroupés sur la digue du port, mais quittons vite les lieux après quelques lancés infructueux.

Le «Kalbarri National Park» est réputé pour ses gorges et falaises entre le Bush et l’océan indien. Les «lookouts» (voir lexique), dispersés sur une dizaine de kilomètres de côte, nous offrent à chaque fois des vues grandioses sur les escarpements rocheux. Nous y distinguons nettement les traces du temps, l’érosion donnant naissance à des strates de formes et couleurs différentes. Nous devons malgré tout écourter nos escapades à cause des mouches, plus nombreuses et collantes que jamais. Le «fly-net» (voir lexique) est indispensable ! Nous arrivons à Kalbarri, charmante bourgade située à l’embouchure de la Murchisson River, un des hauts lieux de la pêche à la ligne. Nous y passons une soirée relaxante, installés sur un ponton en bois pour regarder le soleil se coucher.

Notre prochaine destination se trouve à «Shark Bay», entre deux péninsules, classée au patrimoine mondial. Monkey Mia accueille tous les matins sur ses plages des dauphins souffleurs, qui viennent se nourrir. Il est presque huit heures et nous sommes prêts à assister à leur séance de nourrissage. Une centaine de personnes alignées au bord de l’eau attendent que les rangers commencent à appâter les animaux avec du poisson frais. Même si l’attraction tourne au spectacle de cirque, Aurélie est heureuse de pouvoir enfin les approcher. 

Nous faisons quelques courses à Carnarvon, puis on remonte jusqu’à la côte de corail. Coral Bay, à l’extrémité sud du «Ningaloo Marine Park», est un petit village entouré de plages paradisiaques : sable blanc, eau azure et coraux. Le temps est idéal et nous décidons de partir faire du «snorkeling» (voir lexique). Nous enfilons nos combinaisons et allons explorer les fonds marins. Magnifique ! A moins de cinquante mètres du rivage on nage dans trois mètres d’eau, parmi des centaines de poissons de toutes tailles et couleurs, juste au-dessus des coraux !
Le seul bémol est que ce lieu est très (voire trop) touristique. Des dizaines de backpackers s’installent en écoutant de la musique, transformant ainsi les parkings en terrains de camping.


Sur les conseils d’un autre voyageur, nous quittons les lieux pour rejoindre d’autres sites, non loin d’Exmouth. Située entre les montagnes du «Cape Range National park» et le nord du «Ningaloo Marine Park», cette petite ville n’a pas grand intérêt en soi, et nous partons donc visiter les parcs nationaux qui l’entourent. Notre Jimmy a bien du mal à gravir la colline qui nous mène au phare. De là, on a une vue imprenable sur la mer d’un côté, et sur les monts de l’autre. Nous descendons sur la plage pour une balade, au cours de laquelle on ramasse oursins, coraux et jolis coquillages.
Nous arrivons le lendemain à «Turquoise Bay», une plage qui porte très bien son nom… C’est un des plus beaux sites de snorkeling de la région. Mais attention au courant, le meilleur moyen étant de l’utiliser pour nager ! Nous entrons dans l’eau au sud de la plage puis nageons vers le large sur quarante mètres : les flots nous ramènent alors à l’autre bout du rivage, ce qui nous permet de profiter de la faune et la flore sans faire le moindre effort ! Même chose sur la baie suivante, à «Oyster Starks». Nous passons ainsi la journée dans l’eau…
En plus des innombrables coraux et espèces marines, certaines rencontres sont pour nous inoubliables : nager avec une tortue, observer d’énormes raies Manta, ou encore se retrouver nez à nez avec des requins !
Le jour suivant, nous nous rendons au cœur des gorges et canyons du «Cape Range National Park», d’une impressionnante hauteur. Nous roulons sur des graviers, entre des blocs de roche rouge et une végétation semi-aride, avec vue sur la mer ! Encore un beau moment que nous vivons avant de reprendre la route.


En Australie Occidentale (Western Australia), les distances pour se rendre d’une ville à l’autre sont phénoménales ! Il ne nous reste pas moins de huit-cent kilomètres à parcourir pour arriver à Karratha, véritable centre industriel qui abrite un grand nombre d’entreprises dans les domaines du fer, du sel, du gaz ou des engrais.
C’est là que nous attend Michael (voir «Swan Hill et Mildura»), qui travaille là comme électricien depuis quelques semaines. Nous passons notre première nuit entre la plage et les cocotiers, avant de le rejoindre dans sa maison. Comme à son habitude, il nous accueille généreusement avec un excellent dîner, et nous propose par la même occasion de profiter de la salle de bain et de faire quelques lessives. Le lendemain, il nous fait découvrir une jolie plage de coquillages et un site historique. Ici, le paysage est composé d’immenses collines de blocs rouges qui doivent leur couleur aux minerais de fer exploités dans la région. On y aperçoit des gravures aborigènes vieilles de plusieurs milliers d’années, et il est amusant d’écouter les sons métalliques qui sortent des rochers quand on tapote dessus. Pour remercier notre ami, nous lui préparons un repas dans sa cuisine : qu’il est bon de retrouver tant de confort !

Nous voulons maintenant rejoindre le «Karijini National Park», mais devons emprunter une route privée, non goudronnée. Pour cela, nous avons obtenu un permis (obligatoire) après avoir visionné une vidéo d’information sur les règles et dangers de circulation dans cette zone.
Après des au-revoir difficiles, nous quittons la ville pour une piste de terre de trois-cent kilomètres. Notre itinéraire suit la voie ferrée, sur laquelle circulent des trains longs de plus de deux milles mètres, chargés de minerais. Jimmy ne semble pas vraiment apprécier les ondulations du terrain qui le font glisser et vibrer dans tous les sens ! Nous sommes heureux d’arriver enfin à Tom Price, seul endroit où faire quelques courses et le plein d’essence à trois-cent kilomètres à la ronde !
Il est cinq heures du matin et nous sommes motivés pour partir à la découverte du «Karijini». Pourtant, il faudra attendre encore quelques heures : on a crevé ! N’arrivant pas à détacher la roue de secours, Guillaume part en stop au garage qui ne peut l’aider autrement qu’en lui donnant l’adresse du réparateur. Retour au van, toujours en stop, et pas d’autre moyen que de rouler pendant dix minutes, à dix à l’heure, jusqu’à l’adresse indiquée. Grâce à cela, le pneu est définitivement mort et nous devons le changer. La boutique n’ouvrant pas ses portes avant huit heures, nous préparons notre petit-déjeuner entre les bidons d’huiles et les vieilles voitures, jusqu’à ce que le mécano nous monte un pneu de deuxième main, à moindre frais. Par la même occasion, il vérifie l’état de la roue de secours et nous montre comment la détacher, au cas où…
 Ca y est, il est neuf heures et nous partons de nouveau sur des pistes sinueuses jonchées de trous et de cailloux, pour atteindre le cœur de la réserve naturelle. Nous passons ainsi la journée à marcher au milieu de gorges profondes de plus de cent mètres, et à observer des chutes d’eau et des piscines naturelles. Malheureusement le ciel est couvert, et aussi impressionnant et coloré que soit le paysage, nos photos sont fades.

Nous passons la nuit au milieu du Bush et rejoignons la côte, à Broome. Cette ville est réputée pour ses paysages, marqués par un incroyable assemblage de formes et de couleurs : les falaises rouges, l’eau turquoise et le sable blanc…


Le site est célèbre pour abriter des empruntes de dinosaures vieilles de plus de cent vingt millions d’années. Nous partons donc explorer les environs à marée basse, mais n’en voyant aucune, on décide de chasser le crabe. Aurélie les repère et Guillaume en attrape une dizaine pour le repas du soir, qu’on cuisine face à un magnifique «double arc-en-ciel».

De l’autre côté de la ville on est à «Cable Beach», une immense plage de plusieurs kilomètres de long, très animée où de nombreuses activités sont proposées. Nous allons voir un match de «Beach-polo», caressons les dromadaires qui attendent les touristes et lézardons quelques instants face à la mer.
Broome marque la fin de nos baignades, car plus au Nord les crocodiles sont trop nombreux. Il faut tout de même être prudent car les «méduses-boîte», les «Jellybox», peuvent tuer un homme en moins de deux minutes. Des panneaux d’indication nous le rappellent régulièrement, tout comme la démarche à suivre en cas d’accident : vinaigre puis hôpital !

Dans le nord de l’Australie, il fait toujours chaud car le climat est subtropical et divisé en deux saisons, humide («wet») de Décembre à Mai, et sèche («dry») le reste de l’année. La première est invivable car le taux d’humidité avoisine les 100% et le thermomètre descend rarement en-dessous de 35°C ; alors que l’hiver est apprécié car les conditions y sont idéales. Nous sommes mi-mai et beaucoup de backpackers rêvent de trouver un boulot au soleil. Malheureusement pour eux, ils sont bien trop nombreux pour le peu de jobs disponibles.
Cela fait quelques jours que nous sommes là et le nombre de camper vans augment petit à petit, si bien qu’on décide de quitter la ville pour visiter le «Cape Levêque». C’est une partie de côte sauvage accessible uniquement par une piste, praticable selon l’office du tourisme… Après deux kilomètres sur du sable on a déjà failli faire trois tête-à-queue, en ne roulant qu’à trente à l’heure, et prenons la sage décision de faire demi-tour !
Arrivés à Derby, nous visitons une galerie d’art aborigène où nous pouvons contempler, entre autres, les œuvres de l’artiste qui a été retenu pour les Jeux Olympiques de Sydney : superbe ! En repartant, on voit beaucoup de «boabs», des arbres typiques de la région, et dont le tronc s'élargit de manière disproportionnée en grandissant.

Le Nord-ouest est de loin une des plus jolies parties du continent, mais si reculée qu’on ne peut y accéder que par bateau, avion et parfois en quatre roues motrices. Aussi, nombres de territoires appartiennent à des peuples aborigènes et nécessitent un ou plusieurs permis d’accès. Autrement dit, avec notre Jimmy nous n’avons aucune chance de voir les falaises et chutes d’eau spectaculaires qu’on voit dans les documentaires télévisés ou sur les cartes postales…
Un peu déçus de devoir occulter cette région nous partons pour Darwin, à mille huit-cent kilomètres de là. La nuit tombe alors qu’on cherche un «campground» (voir lexique), quand soudain Guillaume écrase la pédale de freins pour éviter la vache qui se trouve face nous ! Pas effrayée par le bruit du moteur, le klaxon ou les phares, on doit attendre qu’elle daigne dégager le passage pour continuer à avancer. Plus de peur que de mal !
On s’arrête pour déjeuner le lendemain à Timber Creek, un hameau de quelques habitants où nous trouvons pourtant les toilettes les plus luxueuses de notre voyage : savons, joli carrelage et douches chaudes d’une propreté impeccable ! Juste à côté travaille un groupe d’ouvriers… enfin… disons qu’ils ne travaillent pas comme nous. Ils sont assis à l’ombre depuis plus d’une heure, leur «Akubra» sur la tête, et papotent une bière à la main, sur fond de country australienne. Après discussion, il semblerait que leur activité favorite soit d’aller titiller les crocodiles de la rivière avec un bâton, le soir, en sortant du pub… Chacun ses goûts!


Ca y est, nous avons atteint le Territoire du Nord (Northern Territory). La côte ouest nous a apporté le soleil et fait découvrir des endroits merveilleux. Malgré tout, beaucoup de lieux spectaculaires sont trop difficilement accessibles et nos visites ont été limitées. Nous effectuons ainsi sept-mille cinq-cents kilomètres en un mois, c’est un nouveau record !
Maintenant nous allons pouvoir profiter du climat tropical de la région la plus sauvage et hostile du continent !



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